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TERRITOIRES

Drancy

Engagée pour la nature

Située à une dizaine de kilomètres de Paris, et au cœur de la Seine-Saint-Denis, Drancy parvient à conjuguer le dynamisme d’une ville en pleine mutation avec les préoccupations environnementales, et cela sans jamais oublier le bien-être des habitants.

Entretien avec Aude Lagarde, Maire de Drancy

En septembre 2017, Aude Lagarde, devenait Maire de la cinquième plus grande ville de Seine-Saint-Denis, Drancy. Depuis, l’équipe municipale relève encore et toujours de nombreux défis pour assurer le bien-être des Drancéens dans ce territoire en pleine évolution.

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« Les Drancéens aiment leur ville, veulent y rester et apprécient son évolution »

Comment administre-t-on une ville face à l’heure des enjeux climatiques ?

Il faut penser l’écologie et la protection de l’environnement comme un sujet transversal. Jean-Christophe Lagarde, mon prédécesseur, s’est préoccupé de ce sujet dès 2001, c’est-à-dire bien avant que les pouvoirs publics ne se soucient des effets du changement climatique. Cela nous a permis de ne pas nous retrouver dos au mur durant les épisodes de sécheresse ou de crise énergétique.

Quels chantiers avez-vous entrepris ?

Dans un premier temps, l’absence d’espaces verts en ville - héritée de nos prédécesseurs - était un véritable défi. Nous avons ainsi réhabilité les jardins du parc de Ladoucette, que nous avons agrandi d’un hectare. Puis, nous avons créé de nombreux espaces de fraîcheur en ville et nous comptons désormais vingt et un squares. La plupart sont d’ailleurs équipés de brumisateurs, comme toutes les cours de récréation des écoles de la ville. Pour chaque construction ou réhabilitation nous finançons des énergies renouvelables. Nous procédons éga­lement à la réhabilitation de nombreux bâtiments municipaux, au premier rang desquels nos résidences pour seniors et nos écoles. Nous avons d’ailleurs été récompensés par le Trophée des communes pour la réno­vation énergétique de l’Association des Maires d’Île-de-France (AMIF) pour les travaux effectués sur le groupe scolaire Joliot Curie et Pablo Picasso. La consommation énergétique du bâtiment sera bientôt réduite par trois.

Ensuite, nous tâchons d’être exemplaires et précurseurs.

Drancy est ainsi la première ville de France à s’être dotée d’une flotte de véhicules 100 % électriques, y compris une partie des cars scolaires. Nombre de nos bâtiments municipaux sont équipés de récupérateurs d’eau, qui est ensuite réutilisée pour entretenir nos espaces verts et nettoyer la voirie. Nous prati­quons aussi le « zéro phyto » et la gestion différenciée de nos espaces verts, ce qui nous a permis d’observer le retour de la petite faune.
Enfin, nous associons la population à cet effort collectif. Les plantations d’arbres en ville sont très demandées et nous les multiplions. Nous avons décidé d’expérimenter, cette année, le don d’arbre aux Drancéens. En plus de profiter de leurs bienfaits, ils partici­pe­ront aussi au renforcement de la couverture arborée de la ville.

 

Qu’est ce qui a changé depuis vingt ans à Drancy ?

Nous avons hérité d’une ville dont les choix d’urbanisme frôlaient souvent le non-sens. Ou encore, de cités ouvrières dont les modèles architecturaux utopiques avaient atteint leurs limites avec la fermeture des usines attenantes et le départ des classes moyennes.

Tout d’abord, mon prédécesseur s’est battu pour que la réhabilitation des cités Cachin-Auffret et Pierre Sémard soient inscrites dans le cadre du pro­gram­me de l’ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine). Il était important d’offrir aux Drancéens des logements modernes, adaptés à leurs besoins et favorisant la mixité sociale. Cette volonté, nous la poursuivons aujourd’hui en redessinant le visage de la cité Gaston Roulaud qui bientôt deviendra un lieu ouvert sur la ville et accueillera de nouveaux services publics de proximité. Redessiner le visage d’une ville ne se fait pas en claquant des doigts. Certains projets imaginés il y a deux décennies voient seulement le jour. C’est le cas du nouveau quartier du Baillet, qui se tiendra en lieu et place d’anciens hangars inoccupés de la SNCF. C’est aussi le cas de l’Îlot des Quatre-Routes, qui deviendra le cœur battant de la vie commerciale drancéenne. Au-delà de ces projets d’urbanisme structurants, nous avons créé une police municipale dès 2001 ; ce qui permet à Drancy de figurer parmi les villes les plus sûres de Seine-Saint-Denis. Elle est également bien plus moderne, propre, verte et beaucoup plus chaleureuse. Les Drancéens nous l’affirment : ils aiment leur ville, veulent y rester et les aînés apprécient son évolution. Nous sommes convaincus que ce n’est pas aux habitants de s’adapter à la ville, mais à la ville de s’adapter, de se métamorphoser, pour répondre à leurs besoins.

 

Quelles sont les principales préoccupations de vos administrés ?

Notre département est particulièrement exposé au phénomène de désertifi­cation médicale. En parallèle, la demande de soins est exponentielle.

Hélas, les difficultés se cumulent souvent : absence de médecins, mauvaise alimentation, travail physique ou à risque…

 

Quelles solutions avez-vous apportées ?

Nous avons maintenu les Centres de santé municipaux, malgré les difficultés. Nous avons créé une Maison médicale de garde qui permet de se faire soigner en dehors des ouvertures des cabinets de ville et avons d’ailleurs été parmi les premiers à faciliter les regroupements de médecins tant plébiscités aujourd’hui. Au-delà de nos CMS qui regroupent cinquante et un professionnels de santé - y compris des spécialistes très recherchés comme un angiologue ou un spécialiste de la douleur - nous facilitons l’installation de médecins libéraux en ville.

Pour ce faire, nous préemptons des locaux dans les rez-de-chaussée des nouvelles constructions et les louons à des tarifs attractifs. Une Maison de santé regroupant sept professionnels a ainsi ouvert ses portes en mai 2023. Nous ne comptons pas nous arrêter en si bon chemin. D’ailleurs, si un professionnel de santé lit ces lignes, qu’il n’hésite pas à nous faire signe !

 

Quel autre défi avez-vous dû relever ?

Le problème de stationnement. Ce sujet crispe nombre d’habitants et à raison : nos rues pavillonnaires, pensées il y a parfois près d’un siècle, n’ont pas été prévues pour autant de véhicules par famille. Là où nous trouvions une voiture par foyer, il y en a deux, voire trois aujourd’hui. Après avoir consulté les habitants, nous avons lancé le plan « 1000 places supplémentaires » en 2022. Ce dernier repose sur quatre leviers. D’abord, nous avons créé une aide unique en France pour inciter les Drancéens qui en ont la possibilité à rentrer leur voiture au sein de leur parcelle. Il s’agit d’une subvention pouvant atteindre jusqu’à huit cents euros pour l’automatisation de leur portail. Ce dispositif nous a déjà permis de libérer cinq cents places de stationnement.

Ensuite, nous réaménageons nos rues afin de créer des places supplémentaires après concertation des riverains. Le troisième axe est la création et l’agrandissement de parkings publics. Le quatrième axe, enfin, prévoit de renforcer l’obligation de créer davantage de places de stationnement lorsqu’on dépose un permis de construire, en parallèle d’un renforcement de la verbalisation.

L’Éducation est un sujet central à Drancy. Comment cela se traduit-il concrètement ?

L’éducation est le premier poste de dépenses de la Ville et nous mettons tout en œuvre pour favoriser l’égalité des chances, dès le plus jeune âge. Depuis 2009, la cantine est gratuite pour tous les élèves de la ville scolarisés en élémentaire. Cette mesure, que nous avons maintenue malgré l’inflation, est une pierre dans l’édifice de l’égalité des chances et favorise le pouvoir d’achat des familles. La Ville propose des prix attractifs en matière d’activités périscolaires et de séjours en France ou à l’étranger pour les petits Drancéens. Nous souhaitons qu’ils aient le monde pour horizon et puissent prendre conscience des richesses de notre pays et de l’Europe dès leur enfance.

Nous faisons le pari de la réussite scolaire dès la maternelle avec les clubs « coup de pouce » qui offrent un soutien scolaire aux petits Drancéens. Nous fournissons également des tablettes numériques aux élèves d’école élémentaire afin de lutter contre la fracture numérique mais aussi pour leur permettre d’accéder à de nouvelles formes d’apprentissage. Nous sommes convaincus que le jeu est un allié pédagogique et soutenons plusieurs directeurs d’écoles dans leurs projets d’études numériques, par exemple autour du jeu éducatif PowerZ. Chaque semaine pendant 1h30, des groupes d’élèves troquent cahiers et stylos contre leur avatar numérique et sont transportés dans un univers médiéval dans lequel ils réalisent de nombreuses tâches, entre calculs, langues, sciences, arts ou encore écologie !

Au-delà de favoriser l’émergence des nouvelles méthodes d’apprentissage et d’assurer l’égalité des élèves face à l’outil numérique, nous multiplions les initiatives. Par exemple, nous accordons des bourses aux élèves en études supérieures devant réaliser un semestre d’études à l’étranger. Nous avons aussi créé un partenariat privilégié et inédit avec l’ESSEC, prestigieuse école de commerce, afin que nos jeunes puissent s’accomplir et prendre la direction des grandes écoles.

Nous avons mis en place un conseil consultatif des jeunes ainsi qu’un Conseil Municipal des Enfants qui regroupe quarante-deux enfants de CM1. Cette année, nous comptons aller encore plus loin. Par ailleurs nous sommes convaincus que sport et culture aident nos jeunes à s’accomplir. 2024 verra de grands chantiers sportifs tels que la création d’un gymnase, l’agrandissement du stade nautique ou la création de terrains synthétiques. Un studio d’enregistrement va ouvrir et la construction d’un grand espace culturel démarre.

 

Enfin, difficile de ne pas évoquer le camp établi à Drancy lors de la Seconde Guerre mondiale.

Le camp de Drancy était en effet l’un des principaux lieux d’internement de personnes juives et de prisonniers politiques, avant leur départ vers les camps de concentration. Mon prédécesseur a œuvré à la construction du Mémorial de la Shoah ainsi qu’à celle d’un monument en hommage aux victimes. Nous avons à cœur de faire vivre cette histoire, de sensibiliser les enfants dès le plus jeune âge aux conséquences tragiques de la haine et de la bêtise humaine. Pour nous, il est aussi important de célébrer les héros qui ont incarné l’espoir. Cet été, j’ai inauguré un nouveau square, que j’ai souhaité nommer “Annette Monod”. Cette femme, surnommée l’ange de Drancy, était l’une des rares assistantes sociales à être entrée dans le camp, apportant réconfort et humanité aux prisonniers. Après avoir été renvoyée pour avoir transmis des courriers aux familles des prisonniers sans passer par la censure, elle prend conscience de la solution finale et entre en résistance. Elle reviendra à Drancy quelques années plus tard, pour libérer le camp.

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Retrouvez l'intégralité du dossier consacré à Drancy

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