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TERRITOIRES

Issy-les-Moulineaux

L’audacieuse

Au sud-ouest de la capitale, Issy-les-Moulineaux arrive en tête du classement des villes où il fait bon vivre dans les Hauts-de-Seine*. « Le fruit d’un travail acharné pour combiner vie familiale, tranquillité, cadre de vie et attractivité au bénéfice des isséens ! » -  
André Santini, ancien ministre, vice-président de la Métropole du Grand Paris et maire d’Issy-les-Moulineaux.

* Source Le Figaro – Décembre 2022.

Entretien avec André Santini, ancien ministre, vice-président de la Métropole du Grand Paris et maire d’Issy-les-Moulineaux depuis 1980

A la tête d’Issy-les-Moulineaux depuis 1980, André Santini a toujours eu la volonté de mettre en œuvre une démocratie participative dans l’objectif de coconstruire la Ville. Une Ville engagée dans des projets visionnaires pour un renouvellement urbain réussi.

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Nous avons été identifiés par la Commission euro­péen­ne et le ministère chinois de l’Industrie et des Technologies comme l’une des quinze villes européennes les plus avancées dans le domaine du numérique.”

Vous êtes maire depuis 43 ans, quel regard portez-vous sur votre ville aujourd’hui et comment mesurez-vous le chemin parcouru depuis votre première élection ?

Lorsque j’ai été élu maire d’Issy-les-Moulineaux, la ville était profondément marquée par son histoire industrielle et la crise des années 1970 qui avait laissé de vastes espaces en friches. Je me souviens encore de ces rues entourées de murs d’usines désertes qui soulignaient le déclin d’une commune pourtant dotée d’atouts naturels qu’il fallait revaloriser. Notre ville d’aujourd’hui est le fruit d’une politique engagée de construction de logements, de bureaux, et d’équipements à tel que point que près de la moitié du territoire a fait l’objet d’un renouvellement urbain. La réalisation la plus récente, celle d‘Issy Cœur de Ville, illustre parfaitement cette mutation et cette vision d’un urbanisme moderne qui a pu être accompli par des architectes de renom (Christian De Portzamparc, Jean Nouvel, Jean-Paul Viguier, Françoise Raynaud…) qui ont su répondre présent et créer des projets remarquables.

 

La démocratie participative n’est pas un vain mot mais une réalité mise en place dans votre ville depuis de nombreuses années dans une volonté de coconstruire les projets de la Ville avec les
citoyens. Pouvez-vous nous en donner quelques exemples ?

Issy Cœur de Ville, justement, est l’exemple qui me vient spontanément à l’esprit. Il y a dix ans, plus de mille sept cents habitants ont participé à des “conversations citoyennes” pour discuter de l’avenir des trois hectares libérés par Orange Labs. Près de cinq mille suggestions ont été enregistrées, montrant l’implication des isséens pour leur ville. Les souhaits communs comprenaient des commerces en pied d’immeubles, des espaces de vie apaisés avec des zones piétonnes et une réduction de l’usage de la voiture. Altarea a remporté l’appel d’offres en se basant sur ces critères, et le résultat est une zone végétalisée et animée qui convient aux isséens, aux travailleurs et aux visiteurs.

Nous avons développé la démocratie participative en créant plusieurs organes de consultation (conseils de quartier, conseil économique et social, conseil communal des jeunes et des aînés) impliquant des centaines d’isséens. Depuis 2002, nous avons également importé le budget participatif du Brésil, permettant ainsi à des centaines d’isséens de contribuer chaque année à l’amélioration de leur environnement grâce à des mesures concrètes.

 

Votre ville enregistre l’un des taux de délinquance les plus faibles du département. Les actions
menées autour du vivre ensemble, la proximité et la citoyenneté en sont-elles la seule explication ?

La municipalité a mis en place depuis de nombreuses années une politique de prévention-sécurité axée sur le partenariat et la proximité. Selon la préfecture des Hauts-de-Seine, la ville fait partie des 15 % de villes les plus sûres du département. Une nouvelle Stratégie Territoriale de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (STSPD) vient d’être adoptée en collaboration avec des partenaires institutionnels pour répondre aux attentes des habitants. Cela comprend la création d’un nouveau partenariat Ville-Justice, des mesures de justice de proximité et une nouvelle police municipale qui remplacera certaines des missions actuellement assurées par la police verte de Grand Paris Seine Ouest. Ses missions prioritaires incluent la lutte contre les nuisances, les incivilités, la petite délinquance de proximité et la gestion des troubles de voisinage.

 

La jeunesse tient une place centrale dans la politique de la Ville. Chaque enfant, chaque jeune doit trouver ses caractéristiques propres et développer son potentiel. A ce titre, le CLAVIM est bien plus qu’une association culturelle. Expliquez-nous.

Le CLAVIM a fêté ses quarante ans l’an dernier. Au cours de ces quatre décennies, il a accompagné des générations d’habitants. A tel point qu’on peut très souvent entendre quelqu’un dire “je suis un enfant du CLAVIM”. A travers ses multiples structures, il accompagne les isséens dans les différentes étapes de la vie : dès la naissance avec l’Aparté, de trois à six ans grâce aux accueils périscolaires et de loisirs. Pour la jeunesse, l’Espace Jeunes Anne Frank propose aide scolaire, sorties, éveil à la culture et favorise l’engagement grâce au Conseil Communal des Jeunes. Le Réacteur, scène de musique actuelle est à la fois un lieu de loisir et d’expression à travers la pratique musicale.

 

Cœur de Ville, Fort d’Issy, Domaine de la Reine Margot… autant de projets urbains de grande envergure. Quels sont les projets pour les dix prochaines années ?

Ils sont encore nombreux, car comme un palimpseste gratté et retravaillé en permanence, les villes doivent s’adapter constamment à des évolutions rendues indispensables par la succession
des défis qui se présentent à elles. La prochaine étape est dans le quartier Léon Blum, à l’occasion de l’arrivée de la future gare de la ligne 15 du Grand Paris Express, qui a impulsé son réaménagement ; il était jusque-là constitué de bâtiments dégradés, certains au bord de l’insalubrité. A terme, ce sont plus de mille-neuf-cents logements construits dont 35 % sociaux, 26 000 m² de bureaux, 4 500 m² de commerces, une crèche et une école de douze classes, un mail piéton et 4 800 m² d’espaces verts perméables de pleine terre (incluant le doublement des vignes). La Ville - ayant de fortes ambitions pour ce quartier destiné à devenir une nouvelle centralité - a retenu des propositions architecturales innovantes et durables, comme celles de l’américain Daniel Libeskind ou du néerlandais Winy Maas, pour ne citer qu’eux. Il faut imaginer une ville qui s’adapte au changement climatique, tout en intégrant l’émergence de nouvelles pratiques en termes de mobilité ou de service et donc faciliter la vie quotidienne et le bien-être des habitants.

 

En 2021, le conseil municipal a adopté un « Budget Climat ». Quelles en sont les grandes lignes
et pour quelles raisons associez-vous « stratégie de lutte contre le changement climatique » à la notion de « budget » ?

L’adoption du budget est un acte politi­que clé pour toute assemblée délibé­rative, et l’aligner sur la stratégie clima­tique de la municipalité souligne son importance. Toute la municipalité s’engage maintenant à faire bouger les choses plutôt que de laisser un seul adjoint au maire s’en charger. Chaque année, le conseil municipal débat à trois reprises de nos objectifs de réduction en termes de tonnes de CO². Cette approche pragmatique a été adoptée à partir de la ville norvégienne d’Oslo, en fixant des objectifs modestes, année après année, pour avancer progressivement plutôt que de se fixer des objectifs à moyen ou long terme.

En complément des efforts pour construire des bâtiments plus efficaces énergétiquement, ce nouvel outil, adopté à l’unanimité, instaure un plafond annuel d’émission de gaz à effet de serre pour l’ensemble du territoire en synergie avec les autres acteurs publics, les ménages et les entreprises. La Ville se devant d’être exemplaire, ses émissions ne représentent que 4 % des émissions totales, tandis que les ménages, les entreprises et les autres acteurs publics représentent respectivement 57 %, 35 % et 4 %. La mobilisation collective de tous sera donc cruciale pour atteindre les objectifs ambitieux de l’Accord de Paris.

 

Votre ville est LA « Smart City » d’Ile-de-France. Présentez-nous les grands projets qui ont permis à Issy d’être perçue comme une ville exemplaire en matière de numérique ?

Notre rayonnement va même au-delà de l’Ile-de-France, puisque nous avions été identifiés par la Commission européenne et le ministère chinois de l’Industrie et des Technologies comme l’un des quinze villes européennes les plus avancées dans ce domaine.

L’objectif de la « Smart City » est précisément de contribuer à réduire nos émissions de gaz à effet de serre en utilisant les outils numériques pour être plus performants. IssyGrid, le premier smartgrid français, lancé en 2012, avait pour objectif de mieux gérer les consommations énergétiques à partir d’énergies renouvelables produites localement. Il a permis d’avancer sur le plan énergétique, mais aussi réglementaire et numérique. Si Issy Cœur de Ville peut proposer des immeubles de bureaux à énergie neutre, c’est en partie grâce à ces travaux. De même, lorsque nous travaillons sur les services de smart
mobilité pour fluidifier les déplace­ments, nous contribuons aussi à réduire les émissions de CO². Je suis convaincu que l’innovation numérique peut nous aider à accélérer l’adaptation de nos villes au changement climatique.

 

… Et pour avoir toujours un pas d’avance, quelle est votre stratégie en la matière pour « demain » ?

Poursuivre le développement d’Issy-les-Moulineaux, continuer à moderniser nos pratiques pour les rendre encore plus efficaces, et, surtout, accélérer notre transition climatique. Issy-les-Moulineaux est une ville motrice au cœur de la Métropole du Grand Paris. Devenue une ville pionnière pour répondre aux exigences d’une « Smart City » innovante, elle fait office de témoin et de référence. Véritable labo­ratoire d’expérimentations et d’archi­tectures, notre territoire est précurseur dans les nouveaux moyens et usages pour bâtir la ville de demain.

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Retrouvez l'intégralité du dossier consacré à Issy-les-Moulineaux

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