« Une ville qui promeut la relation plutôt que la consommation »

Avec la densité harmonieuse, la ville du XXIe siècle se doit de maîtriser son aménagement spatial – dans une logique verticale – et l’organisation de ses services, être attractive, mélanger et proposer
les activités qui caractérisent la qualité de vie urbaine, tout en y insufflant un « esprit village ».

On y retrouve une baisse des déplace­ments contraints pour ses habitants, l’existence d’une mixité sociale réelle et partagée, la présence de logements variés et adaptés à tous les âges de la vie, la préservation et le développement de l’emploi local ou encore la végétalisation des villes. Elle lutte ainsi à la fois contre l’étalement urbain – donc contre la ségré­gation spatiale – et l’artificialisation des sols – donc pour la préservation de la biodiversité et de l’accès à la nature en ville.

La densité harmonieuse nous invite également à revisiter notre rapport à la vitesse, à la distance et à la hauteur. Les crises sociales – telle celle des Gilets Jaunes – démontrent que le modèle « travailler une bonne partie de la journée seulement pour gagner l’argent nécessaire pour aller travailler » n’est plus adapté au monde d’aujourd’hui.

La densité harmonieuse vise donc à réduire les distances à parcourir pour les activités de la vie quotidienne : transport, travail, garde d’enfants, courses, activités de loisirs, accès aux services publics... Elle permet ainsi de réduire notre vitesse journalière et de décélérer, d’éviter d’ajouter du stress à
la vie quotidienne et, tout simplement, de « prendre le temps de prendre le temps. » Il convient aussi d’y proposer une réflexion globale de « chrono-aménagement » dans la ville. Par exemple : mise en place du télétravail et des horaires aménagés, installation de tiers lieux, partage des espaces et équipements publics, promotion des mobilités douces, développement des micro-crèches et des « villages seniors »,
organisation de la « ville plateforme » pour réaliser ses démarches admi­nistratives et ses paiements en ligne…

La ville à la densité harmonieuse passe ainsi de la « ville fonctionnelle » - triptyque métro-boulot-dodo – à la « ville relationnelle », où il fait bon vivre et passer son temps libre, et qui porte une attention particulière à chacun, du nouveau-né au centenaire. Elle offre alors une réponse à cette
« société fatiguée » en ce qu’elle permet à ses habitants de ralentir le rythme. Elle vise à libérer du temps pour aller vers ses prochains, et pour prendre soin de soi, physiquement comme mentalement. Pour que le temps gagné grâce à la densité harmonieuse ne conduise ni à s’empâter ni à déprimer, elle se doit aussi de proposer activement des espaces relationnels, d’aider son tissu associatif et ses centres sociaux, d’investir dans la culture, d’organiser des fêtes populaires et familiales, de favoriser la pratique sportive aussi bien en termes d’équipements publics que d’accompagnement de ses clubs.

C’est une ville qui promeut la relation plutôt que la consommation, l’intérêt collectif plutôt que particulier, l’enga­gement citoyen plutôt que l’égoïsme individuel.

La densité harmonieuse ne s’envisage donc pas uniquement comme une question urbanistique, mais bel et bien comme une notion transversale qui nous oblige à repenser « la vie dans nos villes » dans leur globalité.