LE NOUVEAU MAGAZINE D'INFORMATION DES TERRITOIRES
TERRITOIRES
Lorient et son territoire
Lorient : cap sur la transition écologique
Lorient est une ville dynamique et attractive qui bénéficie d’un environnement préservé et d’un cadre de vie exceptionnel, au bord de l’océan. La transition écologique est au cœur de tous les projets d’aménagement.
Entretien avec Fabrice Loher, Maire de Lorient
et Président de Lorient Agglomération
La Ville de Lorient et son Agglomération portent un projet de territoire ambitieux dont l’écologie constitue la pierre angulaire : l’enjeu est, tout à la fois, de booster le rayonnement économique du territoire, d’accélérer sa transition écologique, tout en favorisant son équilibre territorial et social. Un projet déjà bien engagé et qui commence à porter ses fruits.
« Nous sommes
l’une des premières collectivités à avoir mis en place un plan communal de résilience énergétique... »
Vous parlez souvent d’un « art de vivre à la lorientaise » : cela englobe-t-il une approche particulière de la transition écologique ?
De toute évidence, oui ! Je suis Maire de Lorient et Président de Lorient Agglomération qui, comme vous le savez, est à la fois littorale, maritime et rurale et nous avons voté, en novembre 2021, un projet de territoire qui fixe un certain nombre d’ambitions, pour booster le rayonnement économique de l’agglomération, accélérer sa transition écologique, tout en favorisant son équilibre territorial et social. Ce qui constitue en quelque sorte le fil rouge de nos interventions, c’est ce que j’appellerais le bien vivre et le vivre ensemble : cela englobe les possibilités de travailler, de se divertir, de se loger, ou encore de profiter pleinement de l’offre culturelle, sportive et de loisirs. Le fait d’être situés en bord de mer nous permet évidemment de bénéficier d’une qualité de vie exceptionnelle. Cet « art de vivre à la lorientaise » que j’évoque souvent associe tous ces atouts d’attractivité et ce cadre de vie privilégié, grâce à l’accès à tout ce que notre environnement naturel nous offre. Cela entraîne évidemment une certaine vision de la transition écologique.
Nous œuvrons donc pour que Lorient Agglomération devienne le territoire le plus attractif de l’ouest – nous n’en sommes pas très loin ! – cette attractivité s’appuyant à la fois sur l’économie, la culture, l’écologie… Lorient devient ainsi l’une des villes les plus agréables de l’ouest, ce que confirment les classements récents qui nous placent juste derrière Angers. Notre spécificité, là encore, est notre état d’esprit : les Lorientaises et les Lorientais forment une population travailleuse, souvent d’origine ouvrière compte tenu de notre histoire industrielle. Les rapports entre les gens sont simples et faits de sensibilité, de convivialité et d’authenticité. Que ce soit en tant que Maire ou de Président de l’agglomération, je souhaite être le garant de ces valeurs qui caractérisent notre territoire et constituent en quelque sorte des marqueurs différenciants.
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Vous avez parlé d’une « certaine vision de la transition écologique » : quels sont les axes prioritaires
guidant vos politiques publiques dans ce domaine ?
Le développement durable inclut plusieurs dimensions, à la fois économiques, environnementales et sociales. Si je parle de rayonnement et d’attractivité, c’est parce que nous avons besoin que notre population continue à vivre sur son territoire, et ce sont ces ressources qui permettent de financer notre transition écologique. Les lourds investissements que nous faisons en matière de mobilité et de transport ou de bâtiment en sont l’exemple : seule une économie qui se porte bien nous donnera la possibilité de les réaliser. Cela crée un cercle vertueux car à son tour, la transition écologique génère des emplois et de la richesse ! Je m’oppose donc à une transition environnementale qui serait plus radicale et qui ferait fi du développement économique nécessaire au dynamisme local et de la nécessité d’offrir des emplois à nos enfants et petits-enfants sur notre territoire.
En termes d’axes prioritaires, la Ville comme l’Agglomération se mobilisent pour favoriser les mobilités décarbonées : nous sommes ainsi passés durant les quatre premières années du mandat, d’une politique de transport à une vraie politique de mobilité. Nous avons fait adopter un schéma sur les parkings-relais et les aires de covoiturage et un schéma cyclable pour l’ensemble de l’agglomération en complément du schéma départemental. Un schéma de développement des transports collectifs a été établi par la Région Bretagne en coopération avec cinq EPCI (établissements publics de coopération intercommunale) du sud de la Bretagne, avec pour objectif une augmentation de 40 % de l’offre de TER. Nous sommes fiers, en tant qu’intercommunalités, d’être à l’origine de ce projet de renforcement de l’accessibilité ferroviaire de nos territoires. Pour la gare de Lorient par exemple, cela représente quinze arrêts supplémentaires par jour ! C’est considérable… Nous avons également engagé une rénovation importante de notre flotte de bus, qui deviendra, d’ici 2031, intégralement exploitée au BioGNV ou à l’hydrogène. Les premiers bus à hydrogène viennent d’ailleurs d’arriver. La décarbonation de nos transports collectifs est donc en bonne voie. Cela concerne aussi le maritime :
un million de personnes passent chaque année d’une rive à l’autre de la rade de Lorient et nous avons lancé un appel d’offres pour un bateau hydrogène qui entrerait en service début 2027.
Afin d’atteindre une autonomie énergétique d’ici à 2050, nous construisons donc un écosystème autour de l’hydrogène, qui s’appuiera sur l’implantation programmée d’ici la fin de la décennie d’une plateforme éolienne offshore au large de l’île de Groix et de Belle-Île-en-Mer : cela nous donnera une capacité de production d’électricité correspondant à un bassin de neuf cent mille personnes (nous en comptons deux cent dix mille), et par voie de conséquence, de production d’hydrogène vert.
Et à Lorient même ?
À l’échelle de la Ville de Lorient, nous contribuons aussi à la transition énergétique par la régulation du stationnement, l’augmentation des zones piétonnes, afin de promouvoir des espaces publics plus partagés notamment dans l’hyper-centre, en favorisant la déambulation dans des espaces requalifiés où l’on remet du végétal et où la nature reprend sa place. C’est pourquoi 2024 est l’année de l’arbre à Lorient : nous déployons une politique ambitieuse de végétalisation et de renaturation de notre ville, issue de la reconstruction et donc assez minérale ! Ces nouveaux îlots de fraîcheur sont nécessaires aujourd’hui, même au bord de l’Atlantique.
Enfin j’ai lancé à Lorient un grand programme d’investissements, que je qualifierais de contra-cyclique, concernant la rénovation énergétique de nos bâtiments communaux administratifs, culturels ou sportifs. Pour ce faire, soit nous rénovons, soit nous reconstruisons, en intégrant évidemment dans tous les cas les objectifs d’amélioration de la couverture thermique, la diminution des consommations d’énergie. Nous sommes l’une des premières collectivités à avoir mis en place, dès septembre 2022, un plan communal de résilience énergétique, suivi par l’Agglomération, avec à la clé des économies d’énergie grâce à l’adaptation de l’éclairage public par l’extinction nocturne, ou la diminution des températures dans les gymnases et certains bâtiments administratifs. Outre la sobriété, notre stratégie dans ce domaine passe aussi par le développement des énergies renouvelables notamment grâce aux réseaux de chaleur que mon prédécesseur avait initiés et que j’ai poursuivi, avec la création d’une société publique locale (SPL) bois énergies renouvelables. Ce plan doté de soixante-dix millions d’euros permettra de financer quinze projets utilisant le bois ou le photovoltaïque. Les premiers bâtiments à énergie positive (Bepos), tels qu’une future résidence étudiante, vont bientôt voir le jour. Nous avons également lancé, avec notre agence locale de l’énergie ALOEN, un programme de rénovation de copropriétés qui repose sur cet objectif de sobriété. Notre stade devrait aussi faire peau neuve et devenir l’un des plus écologiques de France, grâce à une centrale photovoltaïque ou un dispositif de récupération d’eau de pluie.
Cet engagement porte ses fruits et nous sommes fiers d’être labellisés « Territoire Engagé Transition Ecologique » (TETE), et de figurer dans le Top 10 des collectivités françaises de ce point de vue.
Comment imaginez-vous votre territoire demain ?
La qualité de notre environnement a toujours constitué un point fort de notre ville et de notre territoire grâce à notre positionnement géographique, en Bretagne, au bord de l’Océan Atlantique, sur des terres à la fois littorales, urbaines et rurales. Mais jusqu’à ces dernières décennies, la seule perspective pour nos jeunes était plutôt de partir travailler ailleurs pour, parfois, revenir à la retraite.
La vision que je porte permet à la fois de conserver intacts notre qualité de vie et notre environnement préservé et de faire en sorte que les jeunes générations puissent rester ici en construisant leur projet de vie, sur un territoire exemplaire d’un point de vue écologique.