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Grand entretien

Stéphan de Faÿ, Président de l’association Filière hors-site France et Directeur général de Grand Paris Aménagement

Créée en partenariat avec le bailleur social 3F, la Société des Grands Projets (ex-Société du Grand Paris) et le Conseil national de l’Ordre des architectes, l’association Filière hors-site France ambitionne de structurer la filière du hors-site en mobilisant toutes les parties prenantes, acteurs privés comme publics. Son Président Stéphan de Faÿ, également Directeur général de Grand Paris Aménagement, l’un des principaux acteurs de l’aménagement urbain en Île-de-France, a répondu à nos questions.

Entretien réalisé par Hélène Imatte

« Avec l’essor du hors-site, un des points de
vigilance auxquels nous sommes parti­culièrement attentifs est la lutte contre l’uniformisation... »

Quel regard portez-vous sur la construction à l’heure actuelle ?

Depuis plusieurs années, le monde de la construction neuve n’arrive pas à se réinventer structurellement. La productivité dans le BTP a diminué de 10 % en quinze ans, augmentant le coût de production des logements bien plus rapidement que le pouvoir d’achat des ménages. Or avoir un toit n’est pas un luxe mais bien une nécessité. En cela, le hors-site apparaît selon moi comme une piste, peut-être la plus sérieuse à l’heure actuelle, pour faire la synthèse d’une réduction de notre impact environnemental, tout en améliorant l’impact sociétal de l’acte de construire. Le hors-site est un état d’esprit et une manière d’aborder la construction pour faire de chaque geste un geste de grande qualité, posé à l’endroit adapté, sobre en énergie et en matière, assemblé sur le chantier à la dernière minute. C’est tout sauf une démarche théorique puisque c’est un effort de conception et non pas une condamnation à réaliser sur place. La pratique du hors-site implique de questionner nos manières de construire en général : comment faire accepter un chantier au contact d’un quartier qui vit ? Qu’en est-il de l’usage de l’eau et de la sobriété de la matière ? De l’employabilité ? Aussi, en réunissant toutes les dynamiques et les acteurs liés aux projets, l’association Filière hors-site France entend améliorer l’impact de la construction immobilière dans son ensemble. Avec pour ambition de ne pas opposer mais bien d’articuler des modes constructifs différents par rapport à des finalités communes.

Précisément, quels sont les enjeux et contours de cette association nouvellement créée ?

Au regard du constat que je viens d’évoquer, de nombreux acteurs de la chaîne de valeur de l’immobilier ont ressenti le besoin de se réunir pour échanger et identifier les freins à l’évolution du secteur. C’est ainsi qu’est née notre structure, une enceinte de production de connaissances et de dialogue entre acteurs privés et publics, avec en ligne de mire cet objectif stratégique qui est d’abord un objectif sociétal du mieux-vivre ensemble. Cette association poursuit également le but de structurer à terme la filière, et c’est en ce sens la démarche que porte notre Charte pour le développement de la construction hors-site. Elle fixe comme trajectoire commune le recours au hors-site dans 50 % des opérations immobilières neuves d’ici à 2031.

 

En quoi le hors-site est-il un atout majeur pour la revita­lisa­tion économique et la réindustria­li­sation des territoires, notamment à l’aune du plan France 2030 qui vise à développer la compétitivité industrielle du pays ?

En matière d’immobilier, la question de l’enracinement dans les territoires est très importante. À vrai dire, faire l’impasse sur l’ancrage territorial, c’est passer à côté d’une grande part des enjeux du hors-site puisque cette méthode de construction ambi­tion­­­ne de proposer des nouvelles manières d’aménager le territoire et d’y développer l’emploi. Ainsi, le déploiement du hors-site permet-il de provoquer des cercles vertueux pour ne pas proposer les mêmes options en fonction d’écosystèmes aux identités et ressources naturelles différentes. Ces dernières décennies ont vu apparaître de nombreuses opérations interchangeables or, en revenant à une identité plus locale et qui correspond à la réalité du terrain, on pourra résoudre une partie de l’équation économique, environnementale et sociétale liée aux enjeux de la construction dans son ensemble. Avec l’essor du hors-site, un des points de vigilance auxquels nous sommes particulièrement attentifs est la lutte contre l’uniformisation, qui induirait une forme d’appauvris­sement de l’architecture et du bâti. Et pour cause, le hors-site entend bien enrichir le patrimoine et simplifier les pratiques de tous les acteurs du secteur de la construction, en question­­nant également le rôle des artisans et des savoir-faire locaux dans la revitalisation du tissu économique.

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Territoires Durables

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