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Tiers-lieux : « Le monde d’après
est déjà là ! »

Tiers-lieux : “Là où des personnes se plaisent à sortir et se regrouper de manière infor­melle, situé hors du domicile (first place) et hors de l’entreprise (second place)”; telle est la définition du tiers-lieu faite par le sociologue américain Ray Oldenbourg, dans son ouvrage The Great, Good Place paru en 1989. C’est le lieu du « faire ensemble » en terrain neutre où l’on peut se rencontrer, se réunir, échanger, partager ressources, compétences et savoirs.

Par Françoise Clauzel

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Qu’il s’agisse de fablab, coworking, recy­clerie, ateliers et jardins partagés, friches culturelles, garages solidaires… chaque lieu a sa spécificité,son fonctionnement, son mode de financement, sa communauté ; mais tous permettent les rencontres informelles, les interactions sociales favorisant
la créativité, la formation et les projets collectifs. Cinq éléments le constituent : expérimen­tation et création ; vie, convivialité, mixité ; entrepreneuriat ancré dans le territoire ; hybridation d’activités et de revenus ; libre constitution et évolutivité.

Le mouvement a pris une telle ampleur que les tiers-lieux sont soutenus par l’Etat depuis 2019 à travers le programme interministériel « Nouveaux lieux, Nouveaux liens » (piloté par l’ANCT - Agence Nationale de la Cohésion des Territoires - et l’association France Tiers-Lieux). Objectif : favoriser un maillage le plus fin possible, leur donner les moyens de diversifier leurs revenus en développant des services d’intérêt général, faciliter la professionnalisation des réseaux, impliquer les partenaires publics et privés autour de ce programme. En août 2021, l’ANCT a pris cinq mesures de soutien : développer les Manufactu­res de Proximité, soutenir le développement de la formation professionnelle, accueillir trois mille missions de service civique, déployer des conseillers numériques France Service en leur sein, renforcer le maillage national et territorial.

Le 27 août 2021, Jean Castex déclarait : « Ils sont un des piliers de la relance avec un unique objectif : être au service du « faire ensemble » dans les territoires, accompagner les transitions et dessiner ainsi, jour après jour, les contours d’une France plus solidaire et plus résiliente. »

En mars 2022 l’ANCT a créé un portail « Action publique et tiers-lieux, le monde d’après est déjà là ! » Le 14 avril 2022, création, pour une durée de trois ans, du groupement d’intérêt public (GIP) France tiers-lieux. Dans le cadre du volet « Innovation santé » de France 2030, seront financés quinze tiers-lieux et une trentaine de projets d’expérimentation pour de nouvelles solutions numériques favorisant la médecine 5P. Enfin, du 7 au 9 juin 2023, se sont tenues, à Montpellier, les premières journées de rencontres sur les tiers-lieux européens. 

Yes We Camp : créer des lieux, revisiter des espaces vacants

Le pionnier des tiers-lieux a vu le jour en 2013 à l’Estaque dans le cadre de « Marseille Capitale européenne de la Culture » avec un projet « pira­te » qui est devenu un des hauts lieux de cet évènement.

Face au manque criant de place de camping un groupe d’amis (architectes, artistes, urbanistes…) a décidé de créer une « mini-ville éphémère, artistique et écologique » ; au fil des mois de construction et de gestion, une équipe composite s’est constituée qui est devenue le noyau du collectif et a décidé
de poursuivre l’aventure. Yes We Camp prenait son envol…

Depuis dix ans cette association revisite des espaces vacants au cœur des villes - qu’il s’agisse de bâtiments ou de terrains en plein air - pour en faire, un temps donné, des lieux d’expérimentations, de rencontres et, surtout d’hospitalité où cohabitent des publics variés ; sorte d’urbanisme transitoire. Grâce à des partenariats solides et une farouche volonté de faire bouger les lignes, cette association (loi de 1901) crée et gère jusqu’à leur fermeture des espaces hybrides, pensés sur mesure, où la multiplicité des usages croisés, combinant fonction sociales, économiques, artisanales, artistiques, culturelles…, favorise les rencontres de personnes qui ne se rencontreraient jamais ailleurs et éveillent les consciences. Pour Yes We Camp « un tiers-lieu n’est ni un fab lab, ni des espaces de coworking », mais « un espace social et solidaire, moins cher, plus libre et géré collectivement. » De 2015 à 2020 ce fut, avec Plateau urbain et Aurore, l’aventure des « Grands voisins » dans l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris. Se côtoyaient des dizaines de secteurs professionnels, de l’hébergement d’urgence, un accueil de jour, des évènements culturels, éducatifs et artistiques gratuits ;
projet d’envergure qui a eu une grande influence.

 

Des actions et un diplôme universitaire

Dans le même esprit, Yes We Camp continue à réali­ser des installations et s’adjoint des équipes d’urbanistes pour des consultations internationales. En 2017, ils gagnent l’appel à manifestation d’intérêt « Préfigurer les Groues » (lot terrain vague) » lancé par la Défense, et sont chargé du pilotage du projet Coco Velten à Marseille. Parmi les actions en cours :  Bercy Beaucoup  avec ses jardins collectifs, sa guinguette et ses lieux de vie sur une friche SNCF ; la collaboration avec l’Académie du Climat (neuf mois) ; Césure « lieu des savoirs inattendus » sur l’ancien campus de Sorbonne-Nouvelle Censier, axé sur la transmission des savoirs  et savoir-faire avec une programmation culturelle et festive ouverte au public en partenariat avec Plateau Urbain. Enfin, forte de son expérience, et « pour pousser encore plus loin le curseur « acteur du changement », Yes We Camp a mis en place un diplôme universitaire « Espaces communs : conception, mise en œuvre et gestion », délivré par l’université Gustave Eiffel ; formation certifiante de cent-quarante heures délivrée à soixante professionnels chaque année, pour une durée de douze ou dix-huit mois. « L’idée est d’impulser une démarche globale qui ne soit pas une solution pansement, mais bel et bien une manière de faire. »

Retrouvez l'intégralité du dossier dans le magazine

Territoires Durables

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