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A LA UNE

Construction hors-site

Répondre aux enjeux de la décarbonation

En vertu du Pacte Vert pour l’Europe, dévoilé par la Commission européenne en novembre 2019, la France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, afin d’endiguer les effets du réchauffement climatique. Aussi, les réponses aux enjeux de la décarbonation sont nombreuses. Loin d’être exhaustif, ce dossier propose un regard sur le Manifeste pour une frugalité dite heureuse, qui entend aménager les territoires en faisant mieux avec moins, sur la construction hors-site pour tenter de faire face à l’actuelle crise du logement, sur un nouvel outil de modélisation énergétique des bâtiments, ainsi que sur le mouvement interprofessionnel Unisson(s), qui encourage l’émergence d’une nouvelle architecture.  

Par Hélène Imatte

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La construction hors-site, passeport pour une alternative durable

 

Premier secteur en matière de consommation d’énergie, à l’impact environnemental particulièrement marqué lors de la phase de construction qui concentre l’essentiel des émissions de CO2, le bâtiment fait face à une exigence d’adaptation au changement climatique pour atteindre les objectifs de neutralité carbone à l’horizon 2050. Parmi les solutions, celle de la construction hors-site fait figure de modèle industriel novateur. Focus sur une pratique qui semble faire bouger les lignes du secteur.

 

Entre une raréfaction de l’offre, les difficultés d’obtention de permis de construire ou encore la hausse du coût des matériaux liée à l’inflation, pour n’en citer que certaines, les raisons de l’actuelle crise du logement sont nombreuses et complexes. En juin 2023, les conclusions du rapport du Conseil national de la refondation dédié au logement (CNR Logement), évoquaient une piste de réflexion : la construction dite hors-site comme mesure structurelle pour pallier cette crise du secteur, tout en relevant les objec­tifs de transition écologique. « Notre système de construction est à bout de souffle et le hors-site est un élément générateur pour retrouver une capacité collective à bien construire, au regard des enjeux environnementaux et des exigences réglementaires comme la RE 2020, notamment dans le cadre de la stratégie nationale bas carbone », décrit Céline Beaujolin. Fin avril, l’ex-directrice générale de la fédération Habitat et Humanisme a pris la tête de l’association Filière hors-site France, nouvelle structure qui ambitionne de faire évoluer les principes de la construction. Parmi ses membres fondateurs, Immobilière 3F, la Société du Grand Paris et Grand Paris Aménagement, se sont fixé comme trajectoire commune un recours au hors-site dans 50 % des opérations immobilières neuves d’ici à 2031. L’initia­tive a séduit d’autres acteurs comme Adoma, EpaMarne, EPF Île-de-France, CDC Habitat, la RATP, SNCF Immobilier, Aéroports de Paris et le Conseil régional de l’Ordre des architectes d’Île-de-France. Aujourd’hui, l’association compte plus de 90 membres mobilisés pour faire émerger des actions conjointes, qui entendent intégrer aménageurs, bailleurs, architectes, bureaux d’études,
bureaux de contrôle ou encore industriels.

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Un regain d’intérêt pour sortir de la logique du tout-béton

Modèle d’industrialisation à part entière, le hors-site consiste à modéliser des éléments de structure, façades ou encore équipements d’un bâtiment en BIM (Building Information Modeling) - soit une maquette numérique intelligente - avant de les fabri­quer en usine puis de les acheminer sur le chantier pour les assembler sur place. Processus de construction efficace, le hors-site est loin d’être une invention récente et, s’il est plébiscité aujourd’hui, il est loin d’avoir fait l’unanimité depuis ses débuts, notamment pour son usage de la préfabrication.
En effet, la construction hors-site a été très stigmatisée lors des phases de reconstruction massive du pays au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et jusqu’aux années 1970, où l’essor de la préfabrication a donné lieu à bon nombre de malfaçons, une faible qualité et surtout un paysage architectural très standardisé. Or, au regard des enjeux climatiques, énergétiques et sociaux, le hors-site est fortement remis au goût du jour et semble cumuler les avantages : réduction des délais de réalisation, flux d’acheminement et nuisances liées aux chantiers, valorisation des déchets en usine, optimisation de l’impact environnemental... « Dans la construction hors-site, la préfabrication permet de produire des éléments de qualité, fabriqués en usine à l’aide de machines-outils qui les contrôlent en détail, là où sur un chantier on est sans cesse en train d’ajuster », précise Céline Beaujolin.

L’industrialisation va donc permettre d’infléchir les coûts sans forcément générer de l’uniformisa­tion, notamment parce que le hors-site favorise l’usage de matériaux multiples, notamment biosourcés et géo-sourcés (chanvre, paille, terre crue...).
De quoi sortir d’une logique du tout-béton, certes performant mais pas toujours utile.

Ainsi, dans la course vers la décarbonation, le hors-site apparaît comme une solution aux enjeux de production de logements et de rénovation thermique. « Il porte également des enjeux d’emploi et constitue un élément de réponse aux problématiques d’attractivité territoriale, un levier particulièrement intéressant à l’heure de la réindustrialisation de la France », conclut Céline Beaujolin.

Retrouvez l'intégralité du dossier dans le magazine

Territoires Durables

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